Cannes : la Banque de France à terre,

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fait la place pour la nouvelle aile du Majestic-Barrrière.

Les Cannois ont vu disparaître, apparemment sans trop d’émotion, la Banque de France. Pourtant celle-ci avait une histoire attachée à celle de la ville. La banque des banques se situait idéalement au début de La Croisette, à deux pas de ce qui était alors le Casino municipal d’hiver, inauguré en 1907 et de ce qui allait devenir en 1982, le « Bunker ».

C’est en 1961 que l’administration choisit un jeune directeur, Louis Fauroux, qui vient de Bastia. Elle lui confie la mission de construire une nouvelle banque. Entreprise délicate qui nécessite de nombreuses études et un périlleux déplacement, le temps de la construction, rue Montaigne. Car Louis Fauroux a convaincu sa direction de reconstruire au même endroit. Cela n’est pas vraiment du goût de Lucien Barrière, qui déjà voyait une opportunité de donner à son hôtel fétiche, le Majestic, une nouvelle aile qui donnerait à l’ensemble une symétrie parfaite.

Les deux hommes ne s’entendent pas. Louis n’appréciera pas les propositions appuyées de Lucien et son insistance à le voir déménager du côté du Rond point du Bois d’Angers… Quelques décennies plus tard, c’est Dominique Desseigne, le gendre de Lucien Barrière et l’héritier de Diane qui finalisera ce projet. Sans quelques sueurs froides car rien n’est simple dans le monde des affaires. En effet, dans un premier temps, la Banque de France aurait proposé à la municipalité de Bernard Brochand le rachat du bâtiment à un prix raisonnable.

Une procédure de gré à gré, qui donnait la possibilité à la commune de réaliser une plus-value éventuelle dans le cas d’une revente au plus offrant (et le Groupe Barrière aurait eu sur le coup de sérieux concurrents). Plus logique, elle eut pu profiter de cette chance pour installer une annexe au Palais des Festivals. Des mètres carrés bien utiles pour une SEMEC qui, à corps et à cris, réclame des espaces supplémentaires pour accueillir de nouveaux congrès et pour garder ceux dont le succès en fait des proies de choix pour la concurrence…

La messe est dite, l’appel d’offre qui a suivi, donna gagnant le Groupe Barrière. La banque est à bas. Dominique Desseigne aura sa nouvelle aile. Lire l’article : une aussi longue absence. La démolition des bâtiments a entraîné la fermeture de l’hôtel pour quelques mois… avec des points d’interrogation. Ainsi l’hôtel devrait récupérer les locaux de l’entreprise de coiffure dont le bail n’a pas été renouvelé. Et, si l’on sait déjà que l’emplacement du restaurant gastronomique « Villa de Lys », cher à son chef étoilé Bruno Oger, a été loué à la maison Gucci, on ignore encore où se situera le restaurant dans la nouvelle construction.

En attendant, il faudra être prêt pour recevoir les participants du prochain MIPIM en mars, puis ceux du Festival de Cannes en mai. Une course de fond et une somme de défis, tout à fait dans les cordes de la Société Fermière du Casino Municipal de Cannes qui en a vu d’autres… depuis que François André, le fondateur, avait obtenu la concession du casino, le 5 avril 1905.