Energie nucléaire : toujours plus…

Le lobby EDF pousse à la consommation.

Le groupe EDF se porte bien. Côté en Bourse depuis novembre 2005, il enregistre des chiffres d'affaires considérables. Il est là d'ailleurs pour en faire des affaires et il en fait. En France, sa progression est de 6,4 %. En Europe de 19,7 % et, au plan mondial, il peut se vanter, à juste titre, d'un bond en avant de 47 %. Impressionnant !

Si son cahier des charges vis à vis de la collectivité est contraignant, cela ne l'empêche pas de faire des bénéfices et d'arroser ses actionnaires. Les actions EDF sont à la hausse et cela sans pratiquement de discontinuité depuis l'introduction en Bourse de son capital.

Si en hiver, le réchauffement climatique diminue la consommation d'électricité, les températures caniculaires de l'été viennent équilibrer les comptes grâce au nombre croissant de climatiseurs. L'entreprise n'est pas là pour faire du prosélytisme mais pour se développer et faire des affaires, on l'aura compris… Elle se réjouira donc d'une demande en hausse…

Depuis quelques décennies, la politique énergétique de la France est aux mains d'EDF. Et celle-ci a choisi le nucléaire. Insensiblement et sans faire grande publicité sur le sujet, la production de l'électricité fournie par le nucléaire est passée de 70 % à 87 %… nous rendant dépendant…de l'uranium. Celai veut dire aussi que les autres sources d'énergie ne représentent que 13 %… Un pourcentage ridiculement faible pour le solaire, l'éolien, le géothermique, la filière bois…

Inlassablement, le lobby du nucléaire civil développe son argumentaire, avec quelques nuances qu'il convient de noter. Il avoue travailler sur l'augmentation de la durée de vie de ses réacteurs sans que celle-ci soit acquise… Il parle avec une certaine pudeur des rejets et son désir de les réduire ainsi que le volume des déchets radioactifs. Il annonce pour son réacteur EPR une meilleure productivité et des rejets gazeux et liquides en diminution de 30 %… voire de 50 % pour les déchets solides.

Quant à la sécurité de ses installations, ce même lobby se targue de quadrupler ses systèmes de sauvegarde permettant de réduire les probabilités d'accidents. Mais, il ne peut les exclure et les dernières escalades des varappeurs de Greenpeace prouvent, s'il le fallait, que ce cœfficient de sécurité est dangereusement faible. Un attentat terroriste est pourtant toujours d'actualité, ses conséquences seraient désastreuses et toucheraient des centaines de milliers d'individus…

La France, par l'entremise d'EDF, a mis tous ses œufs dans le même panier. Elle a parié sur l'énergie de l'atome. Si tout va bien, elle dira, d'ici 50 ans, qu'elle avait eu raison. Si tout va mal, ce seront les générations futures qui trinqueront. Un seul accident majeur réduirait à néant toutes les présumées économies réalisées. Car en ce qui concerne les économies, il est difficile d'y voir clair. S'il y a d'évidence quelques bénéfices à courts termes, nul ne s'aventure à chiffrer le vrai prix. Celui qui teindra compte des effets secondaires, des rejets, des problèmes liés à l'eau de refroidissement des centrales, de leur démantèlement, des déchets radioactifs aux très longues durées de vie…

L'annonce de la 5ème édition de la semaine du développement durable (du 1er au 7 avril) ne changera pas grand chose à la donne et au pouvoir sans concession du conglomérat nucléaire français. On y parlera de développement durable, déchets, transports, biodiversité, changement climatique. Plus de 1600 actions seront organisées en France. Un guide "Vivons ensemble autrement" - beau programme pour un parti politique - présentera aussi les bonnes pratiques et les écogestes qu'il ne faut pas négliger mais qui paraissent parfoir dérisoire face aux enjeux.

On se sera, une fois de plus, donner bonne conscience, à bon compte… pourquoi s'en priver !

 - mention : www.pariscotedazur.fr - mars 2007 -
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