Paris-ma-peine

- poème -

Catégorie poèsie FD

Je m'en irai le soir venu, parmi la ville
Je marcherai sur les trottoirs sans fin
Jusqu'à ce qu'épuisé de fatigue et de faim
Mon corps soit douloureux et mon âme tranquille

Je marcherai, j'irai vers le quartier latin
J'entendrai sur les quais des soupirs et des râles
Je verrai se lever sur Paris l'aube pâle
Et dans sa destiné, oubliant mon destin
Je me retrouverai dans un bistro des Halles
Où boivent les marchands les clochards, les putains…

Je fuirai longuement cette obsédante peine
Qui me serre le cœur et durement l'étreint
Je fuirai mes remords, comme jadis Caïn
Je me ferai pareil au flot noir de la Seine…

Puis je me coucherai dans le froid du matin
Le sommeil bienfaisant , entre ses molles mains
Me prendra – il faut que le blessé s'allonge –
Et je retrouverai les merveilleux chemins
Qu'on ne verra jamais, hélas ! que dans les songes !
Mon amour et Paris me deviendront lointains…

Je m'en irai le soir venu parmi la ville
Jusqu'à ce que le feu dévorant soit éteint
Et qu'en mon corps meurtri mon âme soit tranquille !

Fernand Dartigues {1912 – 2000]

- mention : www.pariscotedazur.fr -