C'est le temps des réformes : des réformes choisies.

Sarkozy et son immigration choisie donnera-t-il des idées à Villepin ?

L'idée d'une "immigration choisie" fait son chemin dans les esprits. Elle a fait ses preuves au Canada, Alain Juppé pourrait en témoigner…Mais c'est une autre paire de manches qui se joue avec le CPE. Nous en serons davantage ce soir mardi, sur l'avenir du Contrat premier emploi. Survivra-t-il à la pression de la rue ? Pourtant, de plus en plus de personnes, celles qui ont pris le temps de le lire et d'y réfléchir, celles qui ont regardé dans d'autres pays européens, pour voir comment les autres font, ne sont pas loin de penser que ce n'est pas une mauvaise réforme et qu'il conviendrait tout du moins de l'essayer. Encore une fois la France joue la carte de l'exception. L'exception culturelle on connaissait, maintenant c'est l'exception sociale…

Le CPE n'est, à y regarder de près, qu'une "réformette". Pourquoi donc tout ce remue-ménage ? A cause, d'évidence, d'une inquiétude grandissante quant à l'avenir, inquiétude liée au marché de l'emploi. Les jeunes sont les premiers à en souffrir : difficultés à trouver du travail, à percevoir un salaire qui les rende autonomes et leur permette de se loger.

Mais, à y regarder d'un peu plus prés, il y a aussi une exaspération face à l'arrogance de la part de nos élites lorsqu'il s'agit de réformer la société. L'habitude est ancienne, on passe en force, on se justifie à peine, parlant d'une impérieuse nécessité. La faute à qui ? A un système qui fonctionne, replié sur lui-même. A un corps de technocrates hautains, sûrs que leur savoir les autorise à décider pour les autres ce qui le mieux pour eux. Les politiques font appel à eux. Souvent d'ailleurs, ils sont issus des mêmes grandes écoles. Ils leur confient la rédaction dans les détails de réformes qui leur paraissent une nécessité. Des réformes qui induisent des changements, voire des bouleversements dans nos modes de vie. Le plus souvent, ils les imposent alors, sans se soucier des résistances qui ne manqueront pas de se manifester. Lorsque, enfin, ils se décident à expliquer le pourquoi du comment au vulgaire quidam, il est trop tard, le mal est fait. Les gens râlent et se retrouvent éventuellement dans la rue. La pédagogie ne semble pas être une matière au programme des grandes écoles qui forment nos énarques et autres membres de l'administration !

Cette attitude suffisante se manifeste tous les jours et dans tous les domaines. Des exemples nombreux illustrent les incohérences du système. Quand Allègre, ministre passé de l'Education nationale, déclare, à qui veut l'entendre, qu'il va dégraisser le mammouth, il a beau avoir raison sur le fond, la forme employée pour le dire, le renvoie à ses chères études… Plus anecdotiques mais pour autant significatives, les circulaires pondues ici et là par des bureaucrates loin du terrain et qui provoquent de mini tsunamis. Si la sincérité de ces fonctionnaires n'est pas en cause, ils manquent du recul suffisant et ratent bien souvent leur cible.

A quoi pensaient les rédacteurs de la circulaire de l'Education nationale du 13 juillet 2004 ? Parue pendant les vacances scolaires, elle modifiait de façon conséquente l'enseignement de la natation à l'école. Les enseignants eurent la surprise de la découvrir sur leur bureau le jour de la rentrée. Comme bien des éléments de la circulaire ne prenaient pas en compte la réalité, la dite circulaire due, en catastrophe, être modifiée milieu d'octobre. Bonjour les dégâts ! Que dire aussi de cette décision, prise sans concertation, de déclasser la natation, jusque là considérée comme une activité à risque ?

Quel est le lien entre le CPE et cette circulaire ? Tous les deux ont oublié de respecter un élément fondamental de la procédure, qui consiste à vérifier par la base sa validité. Une fois convaincu de son "impérieuse nécessité", il restait ensuite à faire de la pédagogie avant de l'imposer.

- mention : www.pariscotedazur.fr - mars 2006 -