Alain Carignon, le pyromane est de retour,

ce qui ne fait pas l'affaire, à Grenoble, de tout le monde.

Catégorie Les paradoxales

Les hommes politiques ne se sont pas gênés pour s'exonérer des conséquences d'actes délictueux propres à leurs activités. Nombreux sont ceux, en effet, qui, une fois accompli leurs peines de prisons ou d'inéligibilité, se retrouvent de nouveau face à des électeurs, comme des pyromanes face à une forêt de résineux, des pédophiles face à des enfants.

Le comparaison paraît osée et pourtant. Qui oserait confier des enfants à des pédophiles, même après qu'ils eussent effectués leur punition ? Qui aurait l'inconscience d'embaucher comme sapeur-pompier un pyromane avéré ? Qui se permettrait de donner dans une banque des responsabilités à un ancien prisonnier coupable de détournement de fond ? Fort heureusement, dans la fonction publique par exemple, il est courant de demander un bulletin du casier judiciaire, selon le poste à occuper.

Les hommes politiques français, comme c'est généralement le cas dans les républiques bananières, se sont dispensés de ce principe de précaution qui semble pourtant bien élémentaire. Ainsi, on laisse, en toute légalité, ces ex-condamnés s'adonner à nouveau à leur passion. Parce qu'ils ont le goût de la chose publique ? Pour certains, l'esprit de revanche doit tenir une assez grande place dans leur motivation. C'est sans doute cet état d'esprit que redoutent les actuels caciques de la droite grenobloise.

C'est que, Alain Carignon, ex député-maire RPR, ancien ministre, président du Conseil général de l'Isère jusqu'en 1997, a gardé des amis prêts à le soutenir. Des amis à qui il a demandé d'adhérer en masse à l'UMP. Ainsi, ils pourront l'imposer lors de la désignation du candidat de la majorité lors d'élection interne. Un Alain Carignon, pourtant reconnu coupable "de détournements d'avantages personnels" à hauteur de 19 millions de francs, condamné à 5 ans de prison, dont 2 avec sursis. Une peine aggravée en appel à 5 ans de prison, dont une seulement avec sursis, avec privation de droits civiques et inéligibilité pour 5 ans… '' Henri Emmanuelli, Patrick Balkany, Jacques Mellick, Christian Nucci, pour ne citer que les plus médiatisés, ont réussi leur retour. Alain Jupé est sur le point de le faire, Michel Mouillot en est bien capable, s'il se prend au jeu. Le liste des sénateurs, maires, ministres, conseillers généraux, maires, conseillers municipaux… condamnés par la justice de notre pays, est encore bien trop longue. Il s'y retrouve pêle-mêle, Boucheron, Noir, Botton, Tapie, Arreckx, Tiberi, Dumas, Médecin, Roussin, Giraud, Drut… La liste de ceux qui ont été seulement inquiétés et qui ont pu échapper au couperet est encore bien plus fournie. A ce titre, un Charles Pasqua'' fait office de chef de file… Grâce à un poste de sénateur obtenu in extremis, après son échec aux européennes, il n'a plus à répondre aux dérangeantes questions des juges…

Si les Français réélisent des hommes politiques, pris la main dans le sac, certains ont envie de dire : tant pis pour eux, après tout, ils ont les politiciens qu'ils méritent ! N'est-ce pas brader un peu vite des valeurs essentielles de la démocratie ? Nos élus n'ont-ils pas pour tâche et pour devoir de nous protéger contre nos erreurs, contre nous-mêmes ? Et ne le font-ils pas déjà, à tour de bras, pas avares pour nous concocter en abondance lois et décrets ? Ils sont un peu regardants, nous l'avons vu plus haut, lorsqu'il s'agit d'eux-mêmes !

- mention : www.pariscotedazur- mars 2006 – René Allain -