Les palaces cannois font le mur,

et c'est plus qu'un murmure.

Le Carlton vend ses murs. Le groupe Intercontinental cède le foncier de quelques uns de ses 3 600 hôtels. Après l'Intercontinental Paris Hôtel, c'est au tour du Carlton de Cannes. Rien d'apparent ne devrait changer, ni pour le client, ni pour le personnel car, si Intercontinental vend, le Groupe garde la gérance. L'acheteur n'est pas encore connu mais l'on pressent un Fond de pension américain ou un prince arabe, habitué des lieux. Pas de souci aussi pour l'esthétique, le Cartlon est monument classé depuis 1988. Fort heureusement d'ailleurs, car pour les actionnaires américains, l'enseigne de La Croisette ne rapporterait pas grand chose et vu, d'Atlanta ou de Dallas, elle ne signifie pas forcément grand chose non plus.

Au pied du mur. Nessim Gaon, propriétaire du Noga Hilton avait jusqu'à présent sauvé ceux de sa société. Mis en faillite, malgré l'aide des meilleurs avocat et de son ami Jean Rouch qui avait renchéri lors d'une vente aux enchères publiques, cet hôtel dont il était si fier, change de main et aussi rapidement de nom. Exit Noga, vive Stéphanie, prénom de la fille du nouveau propriétaire qui viendra s'adosser au terme enfin francisé de Palais ! Papa Hilton a laissé passer sa chance d'appeler le Noga, Paris Hilton Cannes…


Les murs du Martinez, autre enseigne lumineuse et combien historique ne résonneront-ils plus du doux bruit des bouchons de champagne qui sautent ? Qu'on se rassure, le champagne pétillera encore longtemps dans les coupes et les flûtes, même si les "propriétaires-récoltants" ne seront plus les mêmes. Le groupe Taittinger a en effet vendu ses titres et droits au fonds américain, spécialisé dans l'immobilier, Starwood Capital. Reste toujours, perpétuelle épée de Damoclès, le risque que le célèbre hôtel doive un jour changer de nom. La fille d'Emmanuel Martinez, propriétaire durant la seconde guerre mondiale du palace, le réclame toujours avec insistance. Une vielle histoire qui resurgit périodiquement. Ce fameux Emmanuel Martinez, qui avait logé l'occupant durant la guerre, avait vendu ensuite une partie de ses parts à un lituanien lié aux nazis. L'Etat devait ensuite confisquer l'hôtel.

Les murs du Gray d'Albion sont solides et les travaux de rénovation entrepris par le Groupe Barrière ont redonné du lustre à son image et à son restaurant gastronomique.

Le Majestic, autre perle de la Croisette, continue de briller de ses mille feux. Mais, les projets liés au rachat des murs mitoyens de la Banque de France, sont au point mort. La proposition du Groupe Barrière, associé sur cette opération avec la banque Paribas, moins disante sur l'appel d'offre, n'a pas débouché. Dominique Desseigne, son Pdg, hésite à aller plus loin. Pourtant, il y a urgence. La SEMEC attend avec une certaine impatience de récupérer les précieux mètres carrés du Casino Croisette. La solution d'un rapatriement du Casino sur les espaces libérés par la Banque de France, présentait beaucoup d'avantages. Jouxtée au Majestic, elle aurait pu communiquer avec lui et permettre ainsi à ses clients de passer sans coup férir, de leurs suites aux tables de jeux.

Le Grand Hôtel, autre enseigne historique, reste dans le giron d'une entreprise qui gère son patrimoine en bon père de famille. Il se refait une beauté avec l'ambition légitime de rejoindre ses grands frères. En retrait, mais toujours sur la Croisette, il a quelques atouts dont le calme que lui procure ce relatif éloignement et une vue sur d'importants jardins dont le bar et le restaurant en terrasse profitent en tout premier lieu.

- mention : www.pariscotedazur.fr - février 2006 -