Le Festival c’est la vie :

le Festival c’est la politique !

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textes par
  - Michael Moore - photo Romain Porentru -


Même si le jury, presque confus d’avoir choisi Michael Moore, s’en défend, comment imaginer un seul instant que la Palme n’a pas une valeur et une intention politique. Georges Bush, à l’annonce du Palmarès en serait tombé de vélo, un modèle tout terrain… Politique la présentation du film d’Alexandra Kerry dont le papa John est prétendant au trône US. La robe bien innocemment transparente de sa fille a failli le faire trébucher. Quant au film d’Alexandra, "The last full measure", il dépeint les ravages de la guerre dans une famille américaine durant le conflit du Vietnam.

Le film de Sean Penn, “The assassination of Richard Nixon” n’était pas moins engagé. Politiques aussi Patricio Guzman, Raymond Depardon, Emir Kusturica, Agnès Jaoui, Hans Weingartner, Yousry Nasrallah, Jean-Luc Godard,… cinéastes du monde entier, présents à Cannes. Le Festival c’est la vie, le Festival c’est la politique !

En marge des films, la politique eut droit de cité avec, en fond de toile, la présence obsédante des intermittents du spectacle tandis que les grévistes du Carlton et du Majestic faisaient leur show et que les employés d’EDF coupaient le courant, histoire de réaliser qu’il faut de l’énergie pour faire marcher la machine, de celle qui n’est pas renouvelable !

Les intermittents avaient promis d’être le cheval de Troie qui torpillerait le Festival et donnerait le ton de l’été. Ils n’y parvinrent pas malgré la descente éclair de José Bové, la grève soudaine du personnel des palaces et l’appui inattendu de Michael Moore. Le cœur n’y était pas, sans doute à cause de la conviction que les forces publiques ne laisseraient rien passer. Le secrétaire-général de la CGT spectacle, Jean Voirin, confortablement installé durant la durée du festival dans un studio du Résidéal (pas aussi luxueux cependant que son pendant, le tout proche Carlton), se fit discret. Emmanuelle Béart, du bout des lèvres, se déclara sensible au problème des intermittents mais pas question d’être pris en otage. Quentin Tarantino se sentait, il le dit, peu concerné par le conflit. Le pique-nique sur la plage se solda par un échec et les excités de service ne trouvèrent guère d’échos favorables parmi le public, les professionnels et les journalistes étrangers qui se désintéressèrent vite du sujet pour se concentrer les uns sur les films, les autres sur les paillettes.

Pas politique le Festival, allons donc ! Et puis tant mieux !