Les J.O. de Pékin. « Non mais allô quoi ! »

Le FBI demande instamment aux athlètes olympiques de laisser leurs téléphones portables personnels chez eux et d'emporter des téléphones jetables aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin ce mois-ci, en raison d’une menace de « cyberactivités malveillantes ».



- photo (c) Pierre Dufour -

Les comités olympiques nationaux de certains pays occidentaux conseillent à leurs athlètes de laisser leurs appareils personnels à la maison ou d'utiliser des téléphones provisoires en raison des problèmes de cybersécurité aux Jeux. Bien qu'il n'ait pas connaissance d'une « cybermenace spécifique contre les Jeux olympiques », le FBI a ajouté qu'il était important que les participants aux Jeux Olympiques soient « vigilants et maintiennent les meilleures pratiques dans leurs réseaux et environnements numériques ». Cette mise en garde intervient alors que les responsables de la sécurité nationale des États-Unis s'inquiètent de plus en plus de l'espionnage chinois et du vol de la propriété intellectuelle. Les responsables des services de renseignement ont publiquement averti que la Chine avait créé un État de « techno-surveillance » à l'intérieur de ses frontières, couvert de caméras, de reconnaissance faciale et autres technologies.

Les responsables du contre-espionnage avertissent depuis longtemps que les fonctionnaires des États ainsi que les membres des milieux d'affaires et universitaires, qui se rendent en Chine risquent de voir leurs appareils personnels piratés. Le FBI organise régulièrement des séances d'information dites « défensives » à l'intention des Américains qu'il considère comme risquant d'être victimes de l'espionnage chinois. Le FBI a ouvert plus de 2 000 enquêtes de contre-espionnage sur les efforts présumés de Pékin pour voler des informations ou des technologies américaines, selon le directeur du FBI, Chris Wray. Il déclarait lors d'une allocution publique à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan, ce lundi 31 janvier : « Lorsque nous faisons le bilan de nos enquêtes, nous constatons qu'aucun pays ne représente une plus grande menace pour nos idées, notre innovation et notre sécurité économique que la Chine ! » 

Si les athlètes américains sont autorisés à concourir, l'administration Biden n'enverra pas de représentants du gouvernement aux Jeux Olympiques. La même politique s'applique aux Jeux paralympiques, qui se déroulent également à Pékin cette année. La Maison-Blanche cherche à envoyer un message clair en indiquant que les violations des Droits de l'Homme en Chine signifient qu'il ne pourra y avoir de « Business comme à l’accoutumé » a déclaré Mme Psaki aux journalistes l'année dernière.

Selon Steve Cottrell, CTO chez Vectra : « Une culture très sophistiquée de la surveillance et de la censure existe en Chine et il convient de noter que les lois chinoises diffèrent nettement des lois occidentales. En Chine, les autorités peuvent demander l'accès à toute donnée transmise sur son territoire géographique et y accéder. Il a été démontré que l'application officielle des Jeux olympiques, que tous les athlètes et officiels sont tenus d'utiliser, présente d'importantes vulnérabilités qui, si elles étaient exploitées, pourraient compromettre les données du téléphone. Les autorités chinoises sont très soucieuses de protéger l'image de la Chine, tant sur leur territoire qu'à l'étranger, ce qui les a amenées à devenir le premier État autoritaire numérique avancé au monde. Il a été démontré que l'application des Jeux olympiques contient des capacités de censure destinées à préserver le discours officiel de l'État et à faire en sorte que la Chine soit perçue de manière positive. À leur arrivée, les athlètes doivent s'attendre à ce que leurs téléphones soient interceptés (voix et données). Il existe un certain nombre de lois sur la sécurité nationale qui sont appliquées et qui obligent toutes les entreprises de communication à fournir les informations aux services de renseignement et de sécurité de l'État sur demande. »