Agriculture : quand le pire devient le meilleur…

grâce à l'intervention d'un 1er ministre.

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Manuel Valls qui n'en manque pas une (ce qui est le privilège des élus de notre République) a déclaré à la FNSEA que les agriculteurs étaient « les meilleurs écologistes de notre pays ». Si c'est une évidence pour ceux qui se baissent encore pour cultiver la terre, pour ceux qui font du bio ou du raisonné, ceux qui mettent les chevaux devant les charrues… ceux qui savent que la terre est basse. Quant aux autres, victimes de leur plein gré de la course au toujours plus de… rendement mais pas à la qualité, c'est une autre affaire. Les autres, se sont tous ceux réunis sous l'étiquette des industriels de l'agroalimentaire. Puissamment organisés, ils sont défendus par des lobbyistes sans foi ni loi qui vendraient des réfrigérateurs à des esquimaux…


Le jugement de la Fédération Nationale de l'Environnement est sans appel : les annonces gouvernementales défavorables à l’environnement se multiplient et celles favorisant les lobbies de l’agro-industrie sont caricaturales. Le « les agriculteurs, meilleurs écologistes » de Manuel Valls : quelle bonne blague !

Dans la même lignée, l’Assemblée nationale a reconnu dans le cadre de la loi sur la biodiversité l’ensemble des activités agricoles et sylvicoles comme positives pour la biodiversité, sans distinction entre les pratiques. L’agriculture, qui utilise les ressources naturelles (eau, sol, biodiversité, air, climat) pour produire est certes en première ligne lorsqu’il s’agit d’environnement : en première ligne pour le préserver, en première ligne pour le dégrader.

Et si on regardait la réalité en face ? Si de plus en plus d’agriculteurs s’engagent vers des pratiques agro-écologiques, ce n’est malheureusement pas le cas de tous, c’est même loin d’être le cas de la majorité. L’état des ressources naturelles nous le rappelle chaque jour.

Alors que la France s’était engagée lors du Grenelle de l’environnement à réduire de moitié l’usage des pesticides, celui-ci a augmenté de 5% entre 2009 et 2013. 602 pesticides différents ont été identifiés dans les cours d’eau français en 2012, mettant en péril l’atteinte du bon état écologique des eaux prévu par la Directive cadre européenne sur l’eau (DCE).

La mortalité des abeilles ne cesse d’augmenter et la responsabilité des pesticides, en particulier les néonicotinoïdes, est de plus en plus démontrée. Seules 4% des terres agricoles françaises sont en bio. Les algues vertes, dues aux excédents de nitrates, continuent de proliférer sur nos côtes et la France a été condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne pour mauvaise application de la Directive Nitrates.

Pour Jean-Claude Bévillard, Vice-Président de FNE en charge des questions agricoles : « Affirmer que les agriculteurs sont les meilleurs écologistes est de la pure démagogie. Il n’y a pas une mais des agricultures. Certains producteurs sont engagés dans l’agroécologie, d’autres pas du tout. »

Depuis de nombreux mois, le gouvernement n’a eu de cesse de prendre des mesures en faveur d’une industrialisation de l’agriculture, au détriment de la préservation de l’environnement : suppression des études d’impact et enquêtes publiques pour les élevages industriels, paiements verts de la PAC pour la monoculture de maïs, intégration de cultures traitées aux pesticides dans les « surfaces d’intérêt écologique » de la PAC, politique en faveur des retenues de stockage pour l’irrigation, budgets incertains pour l’agriculture biologique

Pour Jean-Claude Bévillard, Vice-président de FNE en charge des questions agricoles : « En cédant aux lobbies de agro-industrie, le gouvernement n’a de cesse de rendre l’agriculture toujours plus dépendante des engrais, des pesticides, de l’eau d’irrigation. C’est bien sûr défavorable à l’environnement, mais ça l’est aussi pour l’agriculture. Une agriculture dépendante des intrants et destructrice des ressources naturelles n’est ni compétitive, ni durable. Agriculture et écologie doivent aller de pair. C’est bien l’agro-écologie qu’il faut promouvoir, une agriculture nourricière, qui s’appuie sur les ressources naturelles pour produire, sans les dégrader. »

N'en jetez plus, la Terre est pleine !