Les RG privés d’élections,

la réorganisation de leurs services est imminente.

Catégorie Les paradoxales

Plus de petites notes de synthèse sur les candidats aux élections, plus de sondages, aucun fonctionnaire des Renseignements Généraux aux conférences de presse, aux vœux, aux réunions post-électorales. Les jours de cette institution semblent comptés, la réorganisation de leur service imminente. Il s’agirait – pour répondre aux vœux du chef de l’Etat - de créer une nouvelle structure, la Direction du renseignement intérieur, regroupant les RG et la DST. Les membres de ces institutions sont dans l’expectative et s’inquiètent. Quelles vont être désormais leurs missions ? Fonctionnaires attachés directement au Ministère de l’Intérieur, ils n’ont de toute façon… guère le choix.

Apparus sous la Troisième République, en 1911, les Renseignements Généraux ont été à la disposition des gouvernements qui jusqu’à ce jour, se sont succédés. Se sont eux qui ont pris la température de l’opinion publique et relayé au plus haut niveau les renseignements recueillis. Libre aux gouvernements de les utiliser ou pas, de la façon approprié ou pas…

Les RG connurent des années difficiles. Ainsi, au service du Régime de Vichy, il leur fallu louvoyer – comme beaucoup d’autres fonctionnaires - entre une hiérarchie aux ordres des occupants et leur fidélité à la France et à sa vocation de nation indépendante…

A la Libération, les RG, conservèrent leurs compétences en matière de suivi de la vie politique, économique et sociale, de surveillance des hippodromes et des établissements de jeux.

Dans les années 1990, les policiers des RG ont joué leur rôle d'alerte en se penchant sur les phénomènes de violences et d'incivilités urbaines, les dérives sectaires, le hooliganisme ou les nouvelles formes de contestation sociétale… altermondialisme, défense des précaires.

Plus récemment encore, il a été décidé, en 1995, d'abandonner le suivi de la vie interne des partis politiques, tandis qu’en 2004, le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, donnait priorité à la lutte contre les terrorismes, les violences urbaines, l'économie souterraine, l'anticipation et la gestion des crises.

Interrogés, des policiers disent regretter la disparition de leurs missions « politiques » traditionnelles. Qui va maintenant « renseigner » le gouvernement sur cette vie politique si fertile, si active dans notre pays ? Devra-t-il s’en remettre uniquement à la presse et autres médias pour prendre le pouls de l’opinion ? Ces mêmes policiers doutaient des chiffres annoncés dans la presse quotidienne sur le comptage des présents aux diverses manifestations politiques qui se sont déroulées sans interruption ces dernières semaines sur la Côte d’Azur. Des chiffres, d’après eux, systématiquement surévalués pour le bénéfice des instigateurs qui sont souvent les payeurs… en terme d’achats d’espaces publicitaires.

Sinon les médias, cette responsabilité d’informer en toute objectivité sera-t-elle confiée à des instituts de sondage ? Ce serait la privatisation du « renseignement » avec le danger de revoir surgir, par nécessité, une police secrète, vraiment secrète… Charles Pasqua sera-t-il encore dans les parages pour donner quelques conseils quant à la création d’un autre SAC.

  • Donc, ne comptons plus sur les RG pour renseigner politiques et journalistes sur les sondages « officieux », la tendance du jour, sur le nombre exact de présents aux manifestations, sur tous les petits secrets distillés en « off » à des happy few, sur cette info - parfois désinfo - institutionnalisée… Il y a fort à parier que les policiers des RG regarderont les prochaines élections, comme la plupart des citoyens français, devant leur poste de télévision, avec un rien de vague à l’âme…


Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr – janvier 2008 -
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