Le Festival de Cannes prend sa vitesse de Croisette :

on parle aussi des films et du cinéma.


- Nanni, entouré de ses actrices Marguerita Buy et Yasmine Trinca, photo Chopard -

Nanni Moretti a toutes les chances de revenir nous faire quelques pitreries le soir de la clôture. Son film, Caïman, est loin d'être raté même s'il tombe un peu à plat. Les élections italiennes ont eu lieu et Berlusconi a été dehors bouté. Alors Moretti en remet une couche en se propulsant sur le devant de la scène, en Cavaliere déguisé. Les Italiens ont eu peur, Nanni aussi, quant aux spectateurs non-italiens, supporteront-ils le film ?

Al Gore est venu faire sa leçon d'écologie à un public qui n'a pas la tête à ça, nous n'oserions quand même pas écrire, même si l'envie nous démange, que le public du Festival n'en a rien à foutre ! Al Gore a-t-il pris le temps de visionner le film de son collègue, Richard Linklater, Fast Food Nation ? Vu son tour de taille, son échec aux présidentielles l'a peut-être rendu boulimique à moins qu'il ne soit tout simplement un adepte, comme des dizaines de millions d'américains, de la restauration rapide. Ici, il a déjeuné au Carlton, dîné au Martinez, et breakfasté au Majestic. C'est beau la France, c'est gastro !

Autre vision américaine des catastrophes, celle d'Oliver Stone qui nous donne un avant goût de son prochain film. Vingt minutes qui nous font frissonner d'horreur. L'attaque du World Trade Center, vécu de l'intérieur. On s'y croirait…

Dans le futur, les perspectives ne sont guères réjouissantes selon Richard Kelly. Son Southland tales pourrait nous donner le frisson si l'on y croyait. L'exercice est difficile car compliqué. Il y a des anciennes stars du porno, des féministes, des écolos, des vétérans de la guerre d'une guerre ou d'une autre…dans un monde déboussolé qui vacille sur son axe. Les Américains s'y reconnaîtront et nous reconnaîtrons les Américains.

Que vient faire Zidane dans la galère du Festival ? Joueur mais justement pas acteur même s'il fait vibrer les spectateurs. Est-ce un documentaire ? A l'insu de son plein gré, il est le héros grec de la tragédie du banal, le héros romain qui descend dans l'arène, sans fin, jusqu'au jour…Zinédine crache, Zinédine éructe… Zinédine se mettrait les doigts dans le nez qu'il déclencherait les hourras de ses admirateurs…ceux-là regretteront que le film dédié à leur idole ne soit pas présenté en compétition. Justement, Zinédine n'est-il pas dans leur cœur, depuis longtemps, hors-compétition ?

- mention : www.pariscotedazur.fr - mai 2006 -