Côte d’Ivoire : Laurent Gbabgo a peut-être perdu la bataille mais Alassane Ouatara n’a pas encore gagné la guerre.

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Catégorie Pieds dans le plat

La messe est encore loin d’avoir été dite, tel est le sens de ce billet envoyé par un ancien fonctionnaire d’une institution des Nations Unis, en poste à Abidjan durant quatre ans.

Un certain nombre de pays, dont la France, a ouvertement et effectivement soutenu Alassane Ouatara et a déclaré qu’il avait gagné les élections. Ayant vécu quelques années dans ce pays, je ne suis pas aussi sûr qu’eux de sa victoire électorale et il ne m’étonnerait guère que le résultat réel soit quelque peu différent. Il ne faudrait que peu de choses pour que les résultats soient inversés et je serais curieux de connaître les chiffres exacts région par région.

Loin de moi de croire à l’honnêteté de Laurent Gbabgo car il a déjà démontré sa duplicité dans le passé et le rôle joué par son épouse ces dernières années ne plaide pas en sa faveur. Par contre, de là à faire de M. Ouatara un parangon de vertu, il y a un pas que je ne franchirai pas. Il ne faut pas oublier qu’il a longtemps été ministre sous la présidence de M. Houphouët-Boigny, lequel a bâti son immense fortune ainsi que celles de son épouse, de ses enfants et de ses ministres, au détriment de son pays. Sa fortune personnelle avait été évaluée à environ 5 milliards de dollars dans les années 80. Cela correspondait à la dette de la Côte d’Ivoire. Et devinez qui était l’administratrice de cette immense fortune illégitime ? La propre épouse de M. Ouattara à laquelle il a été marié par Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly.

De ministre, Alassane Ouattara est devenu vice-président du Fonds Monétaire International. Les relations qu’il a pu établir à cette époque n’ont certainement pas dû lui nuire lorsqu’il a fallu choisir entre lui et M. Gbabgo. Son image publique est celle d’un homme favorisant le mondialisme et prêchant les vertus du « droit-de-l’hommisme », droit qui permet de justifier toutes les interventions sous le prétexte de défendre les droits de l'homme, surtout dans les pays où cela n'a jamais existé mais qui possèdent des richesses minières… Cette image correspond en tous points à celles des chefs d’états qui le soutiennent.

On remarque aussi que dans son entourage immédiat, il y a beaucoup de musulmans et que les troupes qui l’ont appuyé sont essentiellement constituées de musulmans du nord de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. La Côte d’Ivoire jadis chrétienne et animiste penche de plus en plus vers l’Islam et dans ce pays de 20 millions d’habitants le nord vient d’envahir le sud.

Il va y avoir de terribles règlements de comptes et, de part et d’autre, nous n’avons pas fini d’assister à nombres d’atrocités. Elles ont d’ailleurs commencé. Il n’est pas certain que le résultat sera meilleur sous la gouverne de M. Ouattara qu’il ne l’aurait été si M. Gbabgo était resté au pouvoir. La seule chose dont je sois certain, c’est qu’après 52 années d’indépendance, ce pays devrait se débrouiller sans nous et nous devrions nous dispenser de dilapider des fortunes à seules fins de soutenir un personnage peut-être pas aussi fréquentable que l’on tente de nous le faire croire et de faire triompher des idées pour le moins contestables et d’ailleurs contestées par de plus en plus de Français.

Michel Émile