Les journalistes du Club de la Presse Méditerranée 06, forment leur bureau.

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Du pain sur la planche pour les acteurs d’une profession en mutation… et en souffrance.

Les journalistes de la presse azuréenne se sont réunis à leur siège social niçois pour faire le bilan de l’année écoulée pour élire, au cours de leur assemblée générale, les membres de leur conseil d’administration.

Une seule liste de onze candidats, tous élus ou réélus : Dominique Antoni (Radio France), Paul Barelli (le Monde) , Michel Bernouin (Metro), Georges Bertolino (journaliste indépendant), Petra Hall (Riviera Zeitung), Jean-Christophe Magnenet (journaliste indépendant), Jean-Claude Proy (journaliste indépendant), Jacques Pugnaire (Nice Rendez-vous), Geneviève Roussel (journaliste indépendante), Faustine Sappa (journaliste indépendante), Philippe Tallois (journaliste indépendant). Il faut ajouter à cette assemblée, les membres du collège des communicants qui avaient choisi pour les représenter Gilles Bertaux et sa suppléante, Aline Cau-Testour.

Peu de changements lors de l’élection du bureau qui a confirmé au poste de président Philippe Tallois, les deux vice-présidents Paul Barelli et Jacques Pugnaire. Au secrétariat général, on retrouve Faustine Sappa, et son adjoint Jean-Christophe Magneret. Gilles Bertaux contrôlera les comptes, aidé par Petra Hall

L’actualité régionale et locale est vite venue donner matière à réflexion et provoquer quelques interrogations. Dans les coulisses, les journalistes au courant de l’arrivée du groupe Bolloré, essayaient d’en mesurer les conséquences.

Choisie par le CSA pour créer et exploiter une nouvelle télévision locale sur le secteur Saint-Raphaël, Grasse, Cannes, Nice, Menton, la société Direct Azur, aux mains de Bolloré, vient, comme un chien dans un jeu de quilles, bousculer les équilibres. Place forte historique de la presse quotidienne, Nice-Matin risque d’y laisser quelques… plumes. Candidat évincé, le groupe de presse racheté par Hersant Média (Nice-Matin, Var-Matin, Corse-Matin…), n’a rien a gagné et tout à perdre par la venue d’un concurrent sur un terrain où il jouissait d’une situation de monopole, véritable rente de fait. Il bénéficiait jusque-là des largesses des institutions locales comme le Conseil général, les principales mairies du département ainsi que de la Principauté de Monaco. Il faudra désormais partager. Dans quelle proportion ?

Toute baisse de revenu sera de toute façon mal vécue dans le contexte actuel. La crise du papier et du payant est passée par là. Les gratuits (ils sont ce qu’ils sont…) sont arrivés comme Zozo, pour prendre le marché. En effet, se dit le quidam, pourquoi payer alors qu’on nous offre gratuitement à chaque coin de rue, juste ce qu’il faut d'info pour ne pas être en manque ? Résultat, le nombre de lecteurs diminue, avec eux la baisse des ressources publicitaires qui migrent elles aussi vers les « gratuits », aux tarifs de pub concurrentiels… Et voilà maintenant qu’Internet aussi se mêle de prendre des lecteurs et de la pub à la presse traditionnelle. Seuls les magazine people s’en tirent, plutôt bien d’ailleurs, voire très bien, s’accaparant à l’insu de leur plein gré, les personnalités politiques qui, auparavant, les fuyaient. Ajoutons à cela le corporatisme de journalistes qui répugnent à s’adapter aux nouvelles donnes, et qui, assis sur leurs privilèges et leurs prétentions, ont scié la branche sur laquelle ils étaient… oubliant la règle : il n’y a rien d’acquis en ce bas monde !

Actuellement, sans les publicités institutionnelles où en serait Nice-Matin et comment payerait-il ses collaborateurs ? Certains confrères parlent d’une entreprise sous perfusion. Sur son site « Ficanas », le nez fin de Christian Gallo éditorialise même : Nice-Matin va-t-il disparaître ?

La fin de notre quotidien unique et préféré est-elle envisageable ? Personne ne le croit ni ne l’espère. En attendant d’y voir plus clair, Jean-Pierre Largillet (ex Nice-Matin Cannes et fondateur du premier site d’informations économiques de la région, reprend l’essentiel du site Marsinfos.fr qui développe, vu de Marseille, les implications de cette nouvelle guerre des médias. Lire ici.

Un de nos lecteurs, responsable d’une entreprise de presse, en rajoute une couche. Pour lui, la presse quotidienne française meurt à petit feu depuis trente ans.

« Cela fait plus de 30 ans que la PQR (presse quotidienne régionale) n'apporte aucune info contradictoire à ses lecteurs. Dans chaque édition locale, la PQR sert la soupe à l'élu local quelle que soit sa couleur politique.

- Mais enfin, Monsieur le directeur départemental, vous êtes un journal d'informations, explose une lectrice indignée qu'une contre info institutionnelle ne paraisse pas.

- Mais pas du tout, Madame, nous ne sommes pas un journal d'informations, répond le directeur d'une dizaine d'éditions locales.

Cela fait plus de 30 ans qu'il n'y a qu'un seul quotidien dans la plupart des villes et villages français (à comparer à la Suisse, l'Allemagne, les pays de l'Europe du Nord, voire à …. Saint-Domingue !). Cela fait 30 ans que le fonds de commerce du quotidien est constitué des arbres de Noël et des marronniers récurrents. Et l'on voudrait que les citoyens se précipitent dans les kiosques ? »

Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr - février 2010 - magazine fondé il y a cinquante ans…
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