Je nage, tu nages, il nage :

les piscines publiques de la Côte d'Azur débordent.

La Côte d'Azur est sous-développée en matière de piscines publiques. Paradoxalement, les piscines privées ne se comptent plus. Au point qu'un maire d'une commune proche du littoral, à qui on suggérait d'en construire une, répondit que ce n'était pas la peine, la plupart de ses administrés possédant la leur…C'était oublier que, malgré la douceur de notre climat, les piscines découvertes et non chauffées, ne répondent aucunement aux besoins actuels de la population. Preuve en est que les installations existantes sont saturées.

A Grasse, Mougins, Vallauris, Cannes, Antibes, le public se presse, demandeur de lignes d'eau pour pratiquer librement ou en groupe leur sport favori. A Cannes, un autre maire, au milieu des années soixante, répondait à la même question, avec une bonne foi désarmante : mais vous avez la mer ! Incompréhension sans doute mais lorsque ce n'est pas le cas, c'est le coût des installations et le budget de fonctionnement qui freinent les projets. Une piscine publique ne rapporte pas d'argent, on le sait mais, comme le disait un vieux maître nageur, il vaut certainement mieux construire une piscine qu'une prison ! D'autant qu'une piscine reçoit un public très varié, clubs, élèves des établissement scolaires, Centres de Loisirs, et touche toutes les catégories d'âge, des femmes enceintes aux vétérans …

Dernièrement, on notait, dans toutes les piscines de la région, une nette augmentation de la demande. Il est temps pour les collectivités locales d'envisager sérieusement la construction de nouveaux stades nautiques et de nouvelles piscines de proximité. On a envie de dire, comme pour la construction de la station d'épuration des eaux de Cannes, le temps presse. Du nécessaire, on est passé à l'indispensable.

Bien sur, il y a quelques projets. Le plus sérieux semble être celui du stade olympique de Cannes (50 x 25 mètres). Bernard Brochand, lors des vœux à la population, l'a promis. Les premiers coups de pioche, sans cesse repoussés, devraient avoir lieu dans le courant de l'année. Mais, bien des gens sont septiques, tant de promesses sur ce dossier leur ont été faites depuis plus d'un lustre. Pourtant cette fois, les plans existent et une ligne budgétaire y ferait référence. Cannes attend cette construction avec une évidente impatience. C'est qu'elle a connu, sinon un âge d'or, du moins un temps ou le choix était plus grand. Ont disparu du décor, la piscine du Palm Beach qui fut olympique avant qu'un PDG ne décide, sans aucune autorisation, d'en réduire les dimensions. Elle n'est plus aujourd'hui utilisable. Celle du Club House du port Canto, inaugurée en 1967, couverte, eau de mer chauffée, 10 x 30 mètres, est depuis des décennies une ruine.

- la piscine du Port Canto, 1967 -

Que dire de la piscine du Montfeury (33 x 15 mètres, plongeoir de 5 mètres), inaugurée par Lucien Barrière en 1960, fleuron du Groupe ? Insalubre, squattée, elle a été rasée depuis peu. Un projet ambitieux se trouve dans les tiroirs de la mairie de Cannes mais quand en sortira-t-il ?

Dans la plaine de la Siagne, l'intercommunalité Pôle Azur Provence (Grasse, Mouans-Sartoux, La Roquette, Pégomas, Auribeau), a plusieurs fois fait mention de son désir d'y construire un établissement nautique de taille moyenne. Un vœu pieux ? On y pense certes mais moins que les prochaines échéances électorales, moins que le projet d'implantation d'Ikéa.

La piscine Tournesol (25 x 10 mètres), sise à Mougins, fait figure d'ancêtre. Elle est gérée par un syndicat mixte (Le Cannet, Mougins et le Conseil général, Mouans-Sartoux, membre fondateur, l'ayant quitté en janvier). Pour elle, le compte à rebours à commencer. Pour la mette aux normes, il faudrait entreprendre des travaux considérables qui ne feraient que retarder de peu sa fin, annoncée mais non programmée. Malgré ses dimensions modestes, elle se révèle en effet indispensable pour une zone regroupant environ 60 000 personnes, accueillant les scolaires des communes concernées et un public éclectique qui vient même de Cannes, de Grasse, de Pégomas,…

Nous avons dit que la Côte d'Azur était sous-développée en matière de piscine publique. Inexplicablment, c'est en province, dans des communes dont le nombre d'habitants est relativement peu élevé, qu'on trouve les plus récentes piscines. A Argenton-sur-creuse, bassin couvert, bassin d'été, bassin d'apprentissage, pataugeoire, bassin d'hydromassage,…à Chatelaillon, 2 bassins couverts de 25 mètres, 3 bassins découverts, une pataugeoire,… à Montigny, bassin couvert de 25 x 15 mètres, la liste se déroule : Villars de Lans, St Lo, Remiremont, Civaux, Parthenay,… que dire du centre aquatique de Landerneau, neuf bassins, 1000 m2 de surface, pour une population de 14 000 personnes ?

Que faire pour convaincre les élus de notre région de se pencher sérieusement sur ce problème d'équipement public ? Pour reprendre, la maxime de notre vieux Maître nageur : mieux vaut construire une piscine qu'une prison ! A voir comment ces derniers temps certains terrains de foot sont utilisés, on pourrait même se laisser aller à un iconoclaste : mieux vaut construire une piscine qu'un terrain de foot !