Cent mètres crawl. La distance reine, celle qui marque le plus les esprits, la course la plus prestigieuse, celle de Duke Kahanamoku, de Johnny Weissmuller, premier à être passé sous la barrière de la minute, de Mark Spitz, l’homme aux sept médailles d’or, d’Alexandre Popov ou Peter Van Den Hougendan… Pour rester Français évoquons les noms de quelques champions de la distance, Alex Jany, Alain Gottvallés, Michel Rousseau, Stéphane Caron… C’est maintenant au tour d’Alain Bernard.

L’Antibois a battu deux fois en quelques heures le record du monde et, personne, à part peut-être son entraîneur, Denis Auguin, ne s’y attendait. Ce record d’abord battu en 47,60 secondes, descendu en finale à 47,50, restera longtemps dans les annales… Il permet à Alain Bernard de rejoindre les rares Français inscrits au panthéon des nageurs : Jean Taris en 1930, sur 800 m, Gilbert Bozon, en 1952, sur 100 m dos et Alain Mosconi, en 1967, sur 400 crawl.

Cerise sur le gâteau, la natation française nous a montré qu’elle dispose d’un réservoir de sprinters. Fabien Gilot, Grégory Mallet, Romain Caffet et Frédéric Bousquet, sont tous des candidats aux premières places et cela crée une émulation utile et nécessaire. Fabien Gilot qui avait réalisé en demi-finale de ces Championnats d’Europe le deuxième temps du 100 mètres en 48,66… pour terminer en finale à la quatrième place en 48,83.

Pour reparler de cette fameuse deuxième peau, il est à craindre qu’elle ne devienne l’élément vestimentaire indispensable à tout candidat aux grands exploits chronométriques. A la grande satisfaction des équipementiers qui y voient un intérêt « sonnant et trébuchant ». Si nous avons écrit « il est à craindre », c’est qu’à notre avis, la natation sportive y perd un peu de ce qui en faisait une des caractéristiques, pour ne pas dire de son charme. Chaque nageur ou nageuse n’avait besoin pour participer aux compétions comme les JO que d’un simple maillot. Ce n’est qu’au milieu des années 70 qu’apparaissent ces fameuses lunettes qui offrent pour les nageurs effectuant leurs parcours sur le ventre, outre un meilleur confort, la possibilité de mieux surveiller ses adversaires…

Si les tenues noires nous rappellent, vue de loin, les lourds maillots en laine des premiers champions, elles sont un artifice dont cette discipline pouvait, aurait dû, se passer. Elles ne servent qu’à faire tomber des barrières là où peut-être, les « hommes nus » auraient butés. Elles permettront de grignoter encore quelques poussières de seconde qui ne prouveront pas forcément que les hommes nouveaux sont plus forts ou mieux entraînés.

Dommage qu’on ait cédé si facilement au chant… des sirènes. En l’occurrence des industriels toujours prompts à nous vendre tout et n’importe quoi, toujours pour les meilleures raisons… du monde. Il l’ont fait cette fois sur le… dos des nageurs et des nageuses, même de ceux et celles qui nagent sur le ventre.

Il semble, aux dernières nouvelles, que le directeur technique national de la FFN, Claude Fauquet, ne soit pas insensible à la polémique qui pourrait naître de l’utilisation de ces « combinaisons » miracles et aux arguments de ceux qui n’y voient pas que des avantages.

• Alain Gottvallés, est le seul Français à avoir détenu le record du monde du 100 mètres nage libre. C’était le 7 août 1964, à Budapest. Il avait réalisé 52,9 secondes. A cette époque, on se contentait de se raser les jambes. Pas de seconde peau… et surtout, il fallait, au virage, toucher le mur de la main, même si l’on choisissait de faire « la culbute » ; ce qui n’est plus le cas maintenant, le nageur amorçant la culbute bien avant le virage. Alain Gottvallés est décédé au début de ce mois. Ironie du sort, la Fédération Française de Natation avait prévu de lui remettre – enfin - sa médaille d'or fédérale. On le voit ici, en 1966, lors de l’inauguration de la piscine de Deauville.

Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr – mars 2008 -
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